Dans une lettre parvenue à la rédaction de Gabon Mail Infos ce vendredi 10 octobre 2025, Marguerite Okome Obame, ancienne membre du Bureau de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) et présidente du Congrès pour la démocratie et la kustice (CDJ), a tenu à répondre vigoureusement à l’ancien Premier ministre de la Transition, Raymond Ndong Sima. Dans ce texte au ton tranchant, elle dénonce les « lamentations » et le « double discours » de celui qu’elle accuse d’avoir cautionné les failles du système électoral qu’il critique aujourd’hui.
« J’ai suivi avec écœurement vos lamentations relatives à la mauvaise organisation des élections couplées du 27 septembre 2025 », écrit-elle d’emblée, avant d’ajouter : « Je ne comprends pas bien votre démarche ni l’objectif recherché. »
Pour l’ancienne observatrice internationale de la CEEAC, les critiques du président de l’Alliance Patriotique manquent de cohérence et de sincérité.Rappelant son parcours et ses interventions passées, Marguerite Okome Obame précise qu’elle avait, dès mai 2024, « attiré l’attention » de Raymond Ndong Sima sur « la nécessité de la conservation de nos acquis démocratiques, fruits de longues luttes politiques de 1990 à 2023 ». Cette correspondance, restée lettre morte, visait selon elle à « éviter le recul démocratique » aujourd’hui constaté.
« Vous êtes resté silencieux parce que l’expéditrice était une personne quelconque », déplore-t-elle, fustigeant ainsi le mépris affiché par l’ancien chef du gouvernement à l’égard de propositions jugées pourtant capitales pour la transparence électorale.
L’ancienne commissaire électorale, Marguerite Okome Obame rappelle ensuite que les problèmes évoqués aujourd’hui par Raymond Ndong Sima avaient déjà trouvé des solutions dans divers accords politiques, notamment « les Accords de Paris de 1994, d’Arrambo en 2006 et la Concertation politique de 2013 ».
Ces textes, souligne-t-elle, avaient permis d’écarter le ministère de l’Intérieur de l’organisation des scrutins, afin de garantir « la neutralité du processus ».Or, accuse-t-elle, « vous avez donné votre approbation et acté le recul démocratique », en confiant de nouveau la préparation et la supervision des élections au ministère de l’Intérieur. « Ce même ministère dont les Gabonais se souviennent des fraudes massives de 1993 », insiste-t-elle, rappelant le « coup d’État électoral » de cette époque.
Marguerite Okome Obame ne mâche pas ses mots : « En votre qualité de Premier ministre de la Transition, quels actes avez-vous posés pour la transparence électorale ? Zéro. » Pour elle, le gouvernement de transition n’a pas su tenir les engagements pris devant le peuple.
« Vous n’avez pas convaincu le Président de la Transition sur l’importance de la transparence électorale », écrit-elle, citant la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, notamment son article 17 sur les élections « libres, justes et transparentes ».
La présidente du CDJ détaille longuement les réformes qui auraient dû être menées : « création d’une Commission nationale indépendante (CENI) », « transfert des compétences électorales du ministère de l’Intérieur à la CENI », « mise à plat du fichier électoral », ou encore « établissement de la liste électorale biométrique ». Autant de chantiers qui, selon elle, auraient garanti « un scrutin pacifique et crédible ».Elle conclut sa missive sur un ton sévère : « Le temps des résultats connus d’avance est toujours avec nous. Vous n’avez rien fait.
Par conséquent, votre demande d’annuler les élections du 27 septembre 2025 ne doit pas prospérer. De quoi vous plaignez-vous ? »Par cette lettre, Marguerite Okome Obame signe une charge frontale contre un ancien chef du gouvernement qu’elle juge coupable d’inaction et d’incohérence, renvoyant Raymond Ndong Sima à ses responsabilités dans l’échec des réformes électorales de la Transition.
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