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[Gabon] Élections législatives et locales du 27 septembre : Ensemble pour le Gabon dénonce un processus entaché d’irrégularités et demande le report du scrutin

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À dix jours du scrutin législatif et local prévu pour le 27 septembre, le parti politique Ensemble pour le Gabon (EPG), dirigé par Alain Claude Bilie-By-Nze, a haussé le ton contre ce qu’il qualifie de « violations flagrantes de la loi électorale ». 

Bien qu’engagé dans la course électorale, le parti a tenu à réaffirmer sa position initiale d’un appel au report des élections afin de garantir des conditions de transparence, d’équité et de respect des textes en vigueur.

C’est dans les locaux du parti, à Tahiti, que le président de l’EPG a tenu une conférence de presse à l’ouverture de la campagne électorale officielle. Entouré de membres de son état-major, de journalistes et de quelques militants, Alain Claude Bilie-By-Nze a dénoncé un enchaînement d’irrégularités qui, selon lui, compromettent sérieusement la crédibilité du scrutin à venir.

L’un des principaux griefs formulés par EPG concerne le non-respect du délai légal de publication des candidatures.

Le président du parti s’est appuyé sur l’article 179 du Code électoral gabonais, qui stipule clairement, « Le ministère de l’Intérieur examine les dossiers de candidature conformément à la loi. Il rend publique, par tout moyen, la liste des candidatures retenues, trente (30) jours au moins avant le scrutin. »

Or, déplore le parti, jusqu’à la veille de la campagne, certaines listes continuaient d’être publiées sans mention claire de leur caractère définitif, privant de nombreux candidats d’un délai raisonnable pour se préparer et organiser leurs équipes. « Nous avons vu des candidatures validées, invalidées, puis revalidées sans aucune justification officielle. Cela crée une confusion inacceptable et une inégalité entre les candidats », a déclaré Bilie-By-Nze.

Le flou autour de ces candidatures a empêché plusieurs prétendants de lancer leurs campagnes à temps, les plaçant de facto dans une situation de désavantage.

« Comment voulez-vous qu’un candidat prépare sa campagne s’il ne sait pas s’il est retenu ? » a-t-il interrogé, ajoutant que « ce type de manœuvres entretient l’opacité et favorise ceux qui sont déjà proches du pouvoir ». Au-delà des irrégularités dans l’affichage des listes, le président d’EPG a soulevé de nombreuses carences logistiques, qui compromettent selon lui la bonne tenue du scrutin. Il cite notamment : l’indisponibilité du matériel électoral (bulletins, urnes, enveloppes à coller, affiches réglementaires) ; l’absence du franc électoral, indispensable au financement de la campagne ; le chevauchement du scrutin avec la rentrée scolaire, compliquant la mobilisation et l’organisation des électeurs dans certains centres urbains ; et enfin, l’annonce de l’indisponibilité du président de la République à participer au vote, une première qui jette un voile d’incertitude sur la symbolique républicaine du scrutin.

Ces éléments, selon Bilie-By-Nze, traduisent « une précipitation délibérée visant à organiser un scrutin coûte que coûte, sans réelle considération pour l’égalité des chances entre les acteurs politiques ».

Le président d’EPG ne cache pas son scepticisme sur la volonté des autorités d’organiser des élections véritablement libres et transparentes. Pour lui, le pouvoir actuel cherche à donner l’illusion d’un processus démocratique, tout en verrouillant les conditions de la compétition électorale au profit de certains candidats triés sur le volet. « Notre rôle est de nous assurer que la démocratie que nous avons choisie s’exerce dans les conditions prévues par la Constitution et la loi électorale. Si les autorités veulent une démocratie de façade, nous ne jouerons pas le jeu avec elles », a-t-il martelé devant la presse.

Il ajoute que la nouvelle Constitution, qui renforce les pouvoirs du président de la République, rend moins pertinent l’enjeu de la majorité parlementaire, rendant incompréhensible selon lui, l’obsession d’organiser ces élections coûte que coûte. « Le président n’a pas besoin d’une majorité au Parlement pour gouverner. Alors pourquoi cet acharnement à maintenir une élection mal préparée ? Il s’agit simplement de faire plaisir à un homme, le chef de l’État », a-t-il dénoncé. Malgré ces critiques virulentes, Ensemble pour le Gabon ne boycottera pas les élections.

Le président du parti estime que la politique de la chaise vide serait contre-productive, tant sur le plan stratégique que pour la base militante qui souhaite s’exprimer.

« Nous irons en campagne pour dire nos différences, pour affirmer que nous voulons rompre avec les pratiques du passé, et pour exiger que cette campagne se déroule dans des conditions justes et équilibrées pour tous », a-t-il affirmé.

EPG entend donc utiliser la campagne pour dénoncer, expliquer, convaincre, tout en préparant ses candidats aux batailles locales.

Bilie-By-Nze en appelle toutefois au gouvernement et à la Commission électorale pour qu’ils prennent les mesures nécessaires afin de restaurer la confiance dans le processus électoral, sans quoi le scrutin du 27 septembre risque d’aggraver la crise de légitimité que traverse le pays depuis plusieurs années.

Ce nouvel épisode dans la vie politique gabonaise montre combien la question de la transparence électorale reste au cœur des préoccupations des partis d’opposition, même ceux qui, comme EPG, acceptent de jouer le jeu électoral.

Alors que la campagne est désormais lancée, tous les regards sont tournés vers le gouvernement, la Commission électorale et la Cour constitutionnelle, garants d’un processus crédible. Reste à savoir si leurs actions dans les jours à venir suffiront à apaiser les tensions et à rassurer les électeurs.

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Léo L@pach -

Diplômé en science de l'information et de la communication, journaliste reporter images.

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